CSL : "Varroa model" et "Monitoring methods"
traduits en français
samedi 9 décembre 2006
par David

J’ai traduit les deux articles accessibles à droite à partir de la page

Varroa calculator du site du CSL. Ils présentent le modèle à l’origine du calculateur et les méthodes à utiliser pour entrer des données dans le caclulateur.

L’unité nationale abeille du CSL a créé ces pages Web pour aider les apiculteurs des zones de climat tempéré à estimer les populations de varroas et prédire quand il est nécessaire de traiter.

Traiter trop tôt ou trop souvent est onéreux et augmente le risque d’apparition de résistances ou de résidus dans le miel. Traiter trop tard est également onéreux (perte de production de miel et remplacement des colonies mortes).

Le " varroa calculator " est basé sur le modèle varroa du CSL qui est une simulation des populations de varroas dans les colonies d’abeilles des climats tempérés du nord.

 

Le nouveau modèle varroa

 

Le CSL jouit d’une situation unique où, en plus de l’expérience des apiculteurs et des chercheurs, il bénéfice de programmeurs qui possèdent l’expérience de la modélisation informatique de populations d’espèces sauvages variées et de maladies des animaux et des plantes. En combinant leurs capacités et leur expertise, le CSL a développé un modèle informatique de croissance annuelle et de flux d’une colonie d’abeille et de sa population associée de varroa.

Dans les précédents modèles, l’impact des facteurs saisonniers n’a pas été facile à simuler, mais avec le nouveau modèle varroa, les différences de taille de colonie, de ponte de la reine et de variations saisonnières de la quantité de couvain peuvent être facilement simulées, ce qui est très important car c’est ce sont ces facteurs qui déterminent la quantité de couvain d’ouvrières et de mâles que pourra parasiter le varroa et donc le nombre de filles varroa qui naîtront.

Le nouveau modèle nous permet donc de simuler le taux de croissance de varroa pour différents pays et différents climats.

Les projets de recherche du CSL sur le varroa ont été de précieuses sources d’informations à partir desquelles ce modèle unique a vu le jour. Par exemple, le facteur densité qui peut faire baisser le taux de croissance du parasite, ainsi que le taux de reproduction du varroa selon la caste d’abeille parasitée font maintenant partie intégrante du modèle. Les résultats des recherches menées dans le monde entier par d’autres équipes ont également été intégrés au nouveau modèle, en particulier les équations permettant d’estimer les taux d’infestation journaliers des varroas dans les cellules de couvain. Il a été prouvé que ces taux d’infestation étaient facteurs à la fois de la densité de varroas présents sur les abeilles adultes et du nombre et de la proportion de couvain d’ouvrières et de mâles à un stade donné de développement.

Le modèle complet simule la croissance annuelle de la population de varroas et une attention particulière a été portée à l’importance des paramètres entrés dans le calculateur (étude de Wilkinson et Smith, 2002). Nous avons montré que la durée de la saison d’élevage de couvain est le paramètre qui influe le plus sur la croissance de la population de varroa. La préférence du varroa pour le couvain de mâles ainsi que le taux de reproduction plus élevé de varroa sur le couvain de mâles sont également des facteurs importants (voir les figures ci dessous).

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Le graphique ci-dessous est un exemple de simulation de croissance de la population de varroa selon la quantité de couvain de mâles (10%, 5 et 2,5% exprimés en pourcentage de la quantité de couvain d’ouvrière). Dans cet exemple, un traitement est nécessaire dès la premier année si le couvain de mâle représente 10% de la quantité de couvain d’ouvrières, alors qu’il n’est nécessaire que la deuxième année pour des pourcentages de 5 et 2,5%.

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Nous avons utilisé ce modèle pour prédire les effets des mesures de contrôle de varroa utilisés par les apiculteurs concernant le couvain de mâles [NDT : comme le retrait de couvain de mâles].

Le couvain de mâle peut être utilisé pour surveiller et piéger le varroa. Ces traitements, s’ils sont efficaces, représentent une alternative biologique intéressante qui ne présente pas le risque d’apparition de résistances. Les résistances aux produits chimiques - de nombreux pays d’Europe présentent déjà une résistance aux pyrethroïdes [NDT : le tau-fluvalinate : APISTAN ND par exemple] - sont en effet une menace importante pour la filière apicole. Les mesures de contrôle biologique, comme le piégeage sur couvain mâle, pourraient être des outils précieux pour retarder l’apparition de résistances. Le modèle nous a permis de simuler l’impact de ces méthodes et de souligner les programmes optimaux de traitement (Wilkinson, Thompson et Smith, 2001).

Ce modèle puissant, facilement adaptable aux différentes régions et souches d’abeilles est utilisé pour la recherche au Royaume Uni mais également dans le monde entier (Afrique du Sud par exemple) . Nos recherches portent sur les méthodes de contrôle de varroa : traitements acaricides actuels et futurs, pièges sur couvain mâle et lutte intégrée. Le modèle nous permet également de vérifier pour l’industrie pharmaceutique l’activité contre varroa d’acaricides et de déterminer les aspects de la biologie et du cycle de varroa qui méritent d’être ciblés pour optimiser le contrôle, qu’il soit chimique, biologique ou qu’il combine les deux .

 

 

Méthodes de surveillance du varroa

Cet article traduit la page du site du CSL et explique comment appliquer les deux méthodes d’estimation de la population de varroa dans un rucher avec le " varroa calculator ".

 

 

  • Pourquoi surveiller ?

Le varroa est souvent négligé par les apiculteurs, jusqu’au moment où l’infestation est grave et la colonie n’est plus forcément " sauvable ". Vous devez régulièrement surveiller la présence des parasites et ne jamais considérer que vos colonies sont exemptes de varroa.

A partir du moment où la présence de varroa est détectée, vous devez régulièrement estimer le niveau d’infestation tout au long de la saison. L’infestation peut progresser plus rapidement d’une année à l’autre ou d’un rucher à l’autre. Un programme de traitement efficace une année ne le sera pas forcément les autres années. Une surveillance de routine de vos colonies vous permettra de connaître le degré d’infestation par varroa et décider à quel moment et comment traiter. L’unité nationale abeille (National Bee Unit) a mis au point un modèle qui vous permet de prédire le moment adéquat des traitements. Il faut surveiller un pourcentage suffisant des colonies d’un rucher de façon à avoir une idée représentative de l’état du rucher car le degré d’infestation varie de manière importante d’une colonie à l’autre. Gardez toujours à l’esprit que se contenter d’une seule colonie peut donner des résultats faux et que certaines colonies (colonies atypiques ou colonies bourdoneuses) peuvent donner des résultats qui ne sont pas fiables.

Les programmes de contrôle du varroa demandent un investissement financier et en temps, qui est cependant toujours inférieur au coût de remplacement de colonies détruites par le varroa. Les traitements inutiles doivent être évités car ils représentent un perte de temps et d’argent et augmentent le risque d’apparition de résistances, de plus savoir que le degré d’infestation de vos colonies est bas permet de reporter un traitement sans craindre d’effondrement des colonies. Le calculateur permet d’avoir une estimation à un moment donné et de prévoir l’évolution du degré d’infestation, ce qui permet d’optimiser la gestion du varroa et de gagner du temps et de l’argent.

 

  • Reconnaître Varroa

Femelle varroa sur une larve d’ouvrière.

Les femelles sont facilement reconnaissables à leur forme aplatie, ovale brun rouge (1,6 x 1,1 mm).

 

Braula coeca sur une ouvrière

Le poux des abeilles, Braula coeca (un insecte sans ailes inoffensif vivant sur les adultes) peut être confondu avec le varroa. Il peut être différencié par sa forme plus ronde et la présence de trois paires de pattes facilement visibles de chaque côté du corps [NDT : Varroa, qui est un acarien, en possède quatre, qui sont moins facilement visibles car rassemblées sous le corps : elles dépassent moins sur les côtés].

 

  • Méthodes de surveillance

 

Deux méthodes sont utilisables :

  1. Comptage des chutes naturelles de Varroa
  2. Le nombre de parasites qui tombent sur le plancher de la ruche est un indicateur utile de la population de varroa dans la colonie. Les estimations sont plus précises pendant les mois d’hiver, période sans couvain et pendant l’été où le nid à couvain est très étendu et contient tous les stades de développement du couvain d’ouvrière. Si la surveillance est utilisée en dehors de ces périodes, les résultats seront moins précis et devront être interprétés avec précautions.

    Pour utiliser cette méthode il faut prendre en compte les points suivants :

    1 - Les varroas doivent être comptés sur le plancher de la ruche ou sur le tiroir d’un plancher grillagé.

    2 - Pendant l’été, les varroas doivent être récoltés sur une période d’environ deux semaines.

    3 - Pendant l’hiver, période où la chute de varroa est plus lente, une période de récolte de 1 mois est conseillée. Les parasites peuvent alors être comptés après ou non avoir évacué les débris (cire, propolis...) du plancher.

    4 - La récolte de varroa ne doit pas être faite pendant une période de traitement.

    5 - Enregistrer à la fois le nombre de varroas tombés sur le plancher et le nombre de jours pendant lesquels la récolte a été faite.

    Cette méthode de surveillance n’est pas fiable lorsque le nid a couvain fluctue rapidement (essaimage par exemple) et lorsque la colonie périclite. Entrez dans le calculateur le nombre de varroas comptés et le nombre de jours de récolte pour avoir une estimation du nombre de varroas dans la colonie et une prédiction du moment opportun pour traiter.

  3. Désoperculation de couvain mâle

La mesure de l’infestation dans le couvain mâle fermé est largement utilisée pour estimer la population de varroas dans la colonie.

Sélectionnez une zone de couvain de mâle operculé de stade avancé (stade de nymphe au yeux roses) car c’est le moins enclin à se désintégrer quand il est retiré. Utilisez une herse à désoperculer que vous insérez sous les opercules bombées en la maintenant parallèle au rayon et retirez en un seul mouvement l’ensemble des pupes mâles.

Les varroas sont faciles à distinguer sur le corps pale des nymphes, pour obtenir les résultats les plus préciser, examinez ainsi au moins 100 nymphes. Comptez le nombre de nymphes qui sont parasitées et le nombre total de nymphes examinées. Même si une nymphe présente sur son corps plusieurs varroas, elle compte pour une seule nymphe parasitée.

Entrez le nombre de nymphes infestées ("number of drone pupae infested") dans le calculateur pour avoir une estimation de la population totale de varroa et une prévision du moment opportun du traitemement.

 

  • Remarque :

La mesure du nombre de varroas sur abeilles adultes, pratiquée dans certains pays n’est pas un bon indicateur pour mesurer la population de varroa de la colonie dans la mesure où le nombre d’abeilles adultes n’est pas connu. Comme ce nombre est très difficile à estimer par la plupart des apiculteurs, cette méthode n’a pas été incluse dans le calculateur.

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