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Australie : contrôle de la loque américaine par une conduite prophylactique des ruches. Partie 1
mardi 10 octobre 2006
par David
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La traduction de cet article australien a été réalisée par François Servel, membre de la liste Abeilles. Il faut naturellement remettre ce texte dans son contexte géographique (australie / nouvelle zélande) et réglementaire. Il est intéressant car il rassemble un certain nombre de conseils pour prévenir au maximum cette pathologie grave sans médicaments, le problème des résidus d’antibiotiques dans le miel n’ayant pas été encore réglé. La Nouvelle Zélande excelle et fait référence dans ce domaine.

J’ai volontairement scindé ce texte volumineux en deux parties.

 

La loque américaine est une maladie bactérienne largement répandue. Elle est généralement considérée comme l’une des plus graves maladies des abeilles, car elle cause d’importantes pertes économiques aux apiculteurs. Certains apiculteurs éprouvent des difficultés, à la controler à partir du moment ou elle se déclare dans un rucher. Afin de maitriser la loque américaine, l’apiculteur doit d’abord comprendre la maladie et de quelle manière se transmettent les germes. Nous pourrons, dès lors, mettre en place des pratiques sanitaires pour controler la maladie.

Généralités sur la loque américaine

La loque américaine est une maladie des larves causée par la bactérie Paenibacillus larvae. C’est l’une des plus importantes maladies d’importance économique affectant les ruchers en Australie Occidentale. Elle est distribuée sur la plupart des continents ainsi qu’en Nouvelle Zélande, Hawaii et aux Antilles. On la trouve dans tous les états d’Australie. Les spores de loque américaine, qui sont la forme dormante des bacilles, sont extremement résistants et peuvent demeurer viables dans des ruches ou du matériel infectés pendant plus de 35 ans.

Impact économique de la loque américaine en Australie Occidentale

L’activité apicole génère un produit annuel évalué à environ 6 millions de dollars australiens (1995). Cependant, le niveau d’infection dans les 52 000 ruches déclarées varie entre 0,5 et 3 %. Cela représente une perte de 30 000 à 180 000 dollars.

Comment la loque tue les larves

Une larve saine peut attraper des spores en ingérant du miel contaminé. Les spores germent dans les 24 heures suivantes et pénètrent dans les intestins de la larve. Les larves de cet âge sont très susceptibles à la maladie et pas plus de 10 spores peuvent causer l’infection. A l’âge de 2 jours, les larves sont relativement plus résistantes et il faut alors des milliers de spores pour causer l’infection. Les bacilles prolifèrent dans les tissus larvaires avant la nymphose, causant une mort rapide. Les formes végétatives des bacilles se multiplient 9 à 11 jours après que les spores aient éclos et l’on peut dénombrer près de 2,5 millions et demi de spores par larve. Les larves infectées et mortes se dessèchent et forment des "écailles" solides sur la partie inférieure des cellules. Ces écailles sont hautement infectieuses et très difficilement évacuées par les abeilles. Certaines lignées d’abeilles sont résistantes à la loque américaine. Ceci est relié à leur capacité à détecter les larves malades, désoperculer les cellules infectées et évacuer les larves malades.

Comment la loque tue les ruches

Les nourrices, vouées également au nettoyage des cellules, contaminent des larves saines après avoir nettoyé des cellules infectées. Le miel et le pollen, et tous les composés intérieurs de la ruche deviennent contaminés par les spores durant les activités des abeilles. Dans un courte période, un grand nombre de larves sont touchées par la maladie et meurent. En conséquence, la population d’abeilles n’est plus renouvelée, la ruche devient faible. A la fin elle meurt.

Comment la loque américaine se propage à d’autres ruches

Les ruches abandonnées attirent les pillardes. Les apiculteurs contribuent au développement de la loque américaine en laissant mourir des ruches et/ou en exposant un équipement usagé et du miel contaminé au pillage. Il est facile pour des abeilles d’aller piller du miel infecté dans des ruches situées à 1.2 km ou plus de leur propre ruche, surtout en cas de pauvre miellée ou en l’absence de miellée. Les ruches sauvages peuvent également être malades et peuvent donc être aussi un vecteur d’infection. Cependant, d’après des études néo-zélandaises, nous savons que cette source de contamination est généralement minime. Les ruches mortes contiennent des millions de spores sur toutes leurs parties internes, en particulier sur les cadres de couvains et de miel. Quand la miellée est faible ou absente, des milliers d’abeilles peuvent venir piller ce miel et contribuer ainsi à disséminer des spores dans le secteur. Ces spores deviennent à leur tour infectieuses, peu de temps avoir migré dans ces nouvelles ruches saines, notamment si leur nombre est élevé. Si leur nombre est bas, elles peuvent prendre des mois ou des années pour de se développer, avant que l’apiculteur puisse reconnaitre la présence de la maladie.

  • Echange de matériel d’un(e) ruche(r) à l’autre

Le facteur principal de développement de la loque dans un rucher est du à la permutation de cadres de couvain ou de miel durant la conduite des ruches ou l’extraction. Les ruches ayant reçu des cadres infectés peuvent, elles aussi, devenir des sources de contamination dans un rucher puis s’affaiblir et mourir. L’achat et l’usage de matériel d’occasion est souvent une source d’introduction la loque américaine dans des ruchers sains. On conseille aux apiculteurs de bien examiner leurs ruches avant de les acheter et de se renseigner sur le rucher d’origine, notamment grâce à des analyses.

  • Nourrissement

Le nourrissement des colonies avec du miel ou du pollen d’origine inconnue peut introduire la loque américaine. Il n’est pas recommandé. Le sirop de sucre est moins cher et plus sûr. Le pollen et le miel doivent être irradiés avant usage, surtout si le pollen comme ingrédient entre dans la composition de nourrissement protéiné.

  • Déplacement de ruches

Les apiculteurs déplacent leurs ruches plusieurs fois par an dans différents endroits à la recherche de ressources nectarifères. Ces mouvements peuvent contribuer à la propagation de la maladie. Des ruches contaminées peuvent introduire la maladie dans un nouvel endroit, ou bien des ruches saines déplacées peuvent l’attraper à partir de ruches infectées qui se trouvent dans le nouveau voisinage. Ainsi, contrairement à d’autres élevages ou les animaux sont maintenus dans des parcs séparés par des haies ou barrières, les apiculteurs doivent s’assurer que leurs ruches ne posent pas de problèmes sanitaires à leur voisinage.

Dans certains secteurs, les ruchers sont soumis à une constante pression de ré-infestation, due peut-être à des colonies sauvages malades. Ces secteurs devraient être évités. Les agents sanitaires devraient renseigner les apiculteurs sur ces secteurs dangereux.

  • Empêcher la dérive

Les ruches voisines de colonies malades peuvent aussi être contaminées par des abeilles dérivant de ces colonies malades. La dérive apparait souvent quand les ruches sont transhumées, surtout lors de chargement ou déchargement à la lumière du jour. Des butineuses porteuses de germes, ne retrouvant pas leur ruche, rentrent dans des ruches saines. Pour diminuer la dérive lors de transhumance, il faut s’assurer que les butineuses ont bien cessé leurs vols, avant de commencer à charger. Décharger les ruches avant que les abeilles aient repris leur activité, revêt également une certaine importance. Certains apiculteurs palettisés, replacent leurs ruches dans le même ordre et dans la meme direction par rapport au soleil que dans le rucher d’origine, afin de minimiser les effets de la dérive.

Loque américaine et oxytétracycline (terramycine)

La loque européenne est absente en Australie Occidentale et l’application de l’oxytetracycline (OTC) dans les états de l’Est pour le contrôle de cette maladie peut également conduire à la propagation de la loque américaine, qui est également présente. Bien que les formes végétatives de la loque américaine soient sensibles à l’OTC, les spores, elles, sont résistantes. Donc, les traitements peuvent apparaitre efficaces, mais plus tard la manifestation de la maladie peut reapparaitre à partir de spores restantes. Ces spores, présentes malgré une apparence de santé des colonies, peuvent causer une reinfection ultérieure. Les apiculteurs des états de l’Est qui ont de la loque européenne et utilisent de l’OTC et dont les ruches sont infectées par la loque américaine, exposent leurs collègues voisins à un grand risque de contamination.

L’usage de l’OTC est interdit dans l’état d’Australie Occidentale pour trois raisons :

  • Premièrement, la loque européenne est absente et de plus son usage ne se justifie pas.
  • Deuxièmement, l’OTC supprime uniquement les symptômes de la loque américaine, ce qui peut permettre d’ultérieures extensions de la maladie dans d’autres parties de l’état.
  • Troisièmement, les résidus d’antibiotique peuvent contaminer le miel, ce qui peut etre préjudiciable à l’ensemble de la filière apicole.
 

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