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Traitements varroa : attention à ne pas faire n’importe quoi !
En questions réponses
dimanche 29 avril 2007
par David
popularité : 4%

Un certain nombre d’apiculteurs est tenté de fabriquer soi-même des traitements contre la varroase. Cette pratique, nous allons le voir, présente des risques non négligeables. Les motivations de ces bricolages sont souvent économiques, ces apiculteurs estimant que les médicaments actuellement disponibles sont trop onéreux.

Qu’est-ce qu’un dossier d’AMM ?

Pour pouvoir être mis sur le marché, le fabriquant d’un médicament doit présenter à l’agence nationale du médicament véterinaire un volumineux dossier d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). Dans ce dossier, le fabriquant doit prouver :
- que le médicament est efficace dans l’indication (ici, le traitement de la varroase) pour laquelle le médicament est fait.
- que la libération du médicament est fiable : d’une lanière à l’autre, par exemple, la même quantité de médicament diffuse, sur une période donnée.
- que le médicament ne présente pas de toxicité (dans notre cas, pour les abeilles).
- le fabriquant doit également évaluer les risques de toxicité pour le consommateur : quelle quantité de médicament persiste, dans le miel par exemple : cette quantité doit être sous le seuil défini comme toxique pour l’homme : ce seuil s’appelle la LMR Limite Maximum de Résidus.

Au final, ces études d’AMM ont un coût qui explique une partie de celui du médicament vétérinaire.

Existe-t-il des médicaments agréés qui sont efficaces ?

Au moins un, l’Apivar. Certains apiculteurs semblent constater sur le terrain une diminution d’efficacité de ce médicament, les études expérimentales menées jusqu’ici ne la montrent, elles, pas. Soulignons que pour être pleinement efficace, ce médicament doit être bien administré.

Les apiculteurs ont également à disposition l’Apistan (dont l’utilisation, à la suite d’apparition de nombreuses résistances, a été déconseillée, mais qui pourrait éventuellement être réintroduit dans la mesure où ces résistances semblent avoir localement disparues).

Un autre médicament possède une AMM : l’Apiguard. Ce médicament, très séduisant par son approche "douce" du traitement varroa, n’est utilisable que lorsqu’il fait suffisamment chaud. D’autre part, son efficacité est moindre que l’Apivar (60-70%) : il ne nous semble pas raisonnable de l’utiliser seul, mais constitue un complément très appréciable.

Quels sont les risques des bricolages "maison" à partir de molécules utilisées dans les médicaments ayant une AMM ?

En ligne de mire :


- l’amitraze (présent dans l’Apivar et dans d’autres médicaments vétérinaires non destinés aux abeilles, comme le Taktic).
- le tau-fluvalinate (présent dans l’Apistan et dans un insecticide, le Klartan).
- mais aussi le thymol (Apiguard, on trouve également des cristaux de thymol en droguerie).

Une molécule active ne fait pas un médicament, ce serait trop simple. Le support (lanière, gel par exemple) du médicament assure la diffusion du produit : pour une lanière d’Apivar, cette diffusion dure en effet plusieurs semaines. Que dire d’un support qui ne laisserait pas bien diffuser la molécule, ou qui la laisserait diffuser très vite, libérant une quantité potentiellement toxique pour les abeilles.


Le principal désavantage de ces bricolages est une diffusion non maîtrisée, non standardisée (d’un support à l’autre) et donc des risques :


- de toxicité possible pour les abeilles (libération trop forte).
- d’absence d’efficacité contre varroa (libération insuffisante, trop courte...).
- sans parler des risques pour l’apiculteur qui manipule ces molécules dans des solutions concentrées et des risques non maîtrisés pour le consommateur.

En se livrant à ces bricolages, l’apiculteur : sort sous sa responsabilité de la loi (qui n’autorise que l’usage de médicaments possédant une AMM, c’est à dire ayant fait leurs preuves), prend des risques personnels, pour son consommateur et pour ses colonies.

Le varroa est responsable de lourdes pertes économiques : récoltes, pertes de colonies. Actuellement, le traitement à l’automne d’une ruche avec l’Apivar à un coût de revient (2 lanières par ruche) de 4 euros (approvisionnement en lanières par l’intermédiaire d’un GDSA qui bénéfice d’aides départementales). 4 euros... même pas 500 gr de miel alors que le varroa vous en soustrait indirectement nettement plus ! Prendre de tels risque en bricolant n’a pas d’intêret !

Quels sont les risques des bricolages à partir d’autres molécules ?

Nous n’évoquerons pas l’utilisation des acides organiques (oxalique, formique et lactique) qui n’ont pas d’AMM en France mais qui sont préconisés officellement dans d’autres pays, comme la Suisse, (qui ne dispose pas de médicaments agrées pour le traitement de la varroase des abeilles).

D’autres molécules sont parfois utilisées : la roténone par exemple. L’utilisation de la roténone frise le n’importe quoi complet ! Molécule très dangereuse, cancérigène, potentiellement responsable de troubles neurologiques graves chez l’homme. Pas d’études d’efficacité sur le varroa, d’innocuité pour les abeilles, de résidus dans le miel.

L’apiculteur a des responsabilités à l’égard de son consommateur et ne doit pas se livrer à l’apprenti sorcier.

 

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Messages de forum :
Traitements varroa : attention à ne pas faire n’importe quoi !
mercredi 23 mai 2007
par René Garnier
Je ne trouve pas trace d’un commentaire que j’avais fait sur cet article, alors je recommence. Bravo David ! Cet article me plait beaucoup et il faudrait le passer dans le prochain bulletin. Il nous faut insister et encore insister pour faire passer la bonne parole. Encore mes compliments ! René


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