La fausse teigne est bien connue des apiculteurs, qui font toujours un jour ou l’autre connaissance avec elle : soit lors de la conservation des cadres de hausses en dehors des périodes de miellées, soit en découvrant des colonies atteintes ou détruites par la fausse teigne. On peut se demander s’il est bien utile de parler d’un problème si banal, mais quelques points important méritent d’être mis en lumière. Le premier est son impact économique. Aux Etats Unis, on estime en effet que la fausse teigne provoque autant de pertes financières que la Loque américaine.
Le cycle de la fausse teigne : petite larve deviendra un beau papillon
Il y a en fait deux espèces de fausse teigne : la grande fausse teigne Galleria mellonella, plus fréquente et la petite fausse teigne Achroea grisella. Les deux espèces provoquent le même type de dégâts et à moins d’être entomologiste distingué, cette distinction n’a que peu d’intérêt pratique.
Le développement de ces papillons peut être simplifié de la manière suivante :
Cycle de Galleria melonella, d’après Charrière J.D. et Imdorf A.
Quelques points intéressants :
Pourquoi la fausse teigne apparaît ?
Passons sur les cadres de hausses stockés hors saison : si des œufs y éclosent, les larves ne rencontrent pas d’entrave à leur développement (sauf quand tout est mangé...). Intéressons nous aux colonies :
Un vénérable apiculteur résumait cela joliment : " la fausse teigne ? une ruche en bonne santé, elle lui jette un sort ! ".
Normalement les ouvrières détectent en effet rapidement les larves (chenilles) de fausse teigne, les attaquent et les évacuent de la ruche. Le développement de la fausse teigne est permis si des zones de la colonie sont laissées sans surveillance, en d’autres termes s’il y a un déséquilibre entre la surface de cadres à couvrir et la quantité d’abeilles pour s’en occuper : pas assez d’ouvrières pour trop de cadres. Plusieurs cas de figure :
Mais n’oublions pas quelqu’un d’incontournable : l’apiculteur ! L’apiculteur peut a son insu affaiblir ses colonies. Nous avons donc un troisième cas de figure :
A ce stade, les destructions sont extrêmement rapides et les rayons sont très vite réduits à un tas de débris.
Les dégâts collatéraux
La pression exercée sur les colonies d’abeille est permanente du printemps à l’automne. Les destructions de la fausse teigne précipitent la perte des colonies faibles et leur pillage par les colonies plus fortes or le pillage est avec la dérive des abeilles le principal mode naturel de transmission des maladies des abeilles (Loque américaine, européenne, varroase).
Des études menées sur les excréments de fausse teigne ont montré que dans les colonies atteinte de Loque américaine, ceux-ci contiennent des quantités importantes de spores de Loque américaine.
Lutte contre la fausse teigne : attention à ne pas faire n’importe quoi !
Attention aux utilisateurs de planchers grillagés : il faut nettoyer le tiroir régulièrement, sinon des larves se développent sur les déchets : sur la photo ci dessous : parmi les débris en trop grosse quantité, des varroas (1), une larve de fausse teigne (2) sortie du tunnel protecteur de soie (visible autour) qu’elle a construit parmi les débris et ses excréments (3).
Les boules anti-mites
Elles contiennent du PDCB : para-dichloro-benzène. L’usage voulait qu’on enferme les cadres dans une armoire ou autre lieu clos avec des boules anti-mites. Quelques semaine avant de poser les hausses, les cadres étaient aérés pour éviter de tuer les abeilles avec les vapeurs résiduelles de PDCB.
Gros inconvénient : le PDCB s’accumule dans la cire, un transfert se fait ensuite entre la cire polluée et le miel que les abeilles y stockent, or le PDCB s’évacue très peu du miel., c’est un produit polluant et fortement suspect d’être cancérigène pour l’homme ! L’accumulation dans la cire est d’autant plus forte que les boules anti-mites sont nombreuses et ont été laissées longtemps.
Lutte biologique
Bacillus thuringiensis, bactérie largement utilisée en agriculture pour la protection des plantes, offre une bonne protection contre la fausse teigne. Elle secrète une toxine qui s’attaque aux larves de fausse teigne. Différents produits existent en apiculture, contenant une souche particulièrement nocive pour la fausse teigne. Bacillus thuringiensis est inoffensif pour les abeilles et l’homme et les animaux.
Le principal inconvénient est qu’il faut pulvériser le produit sur tous les cadres (2 faces) : un peu fastidieux et onéreux...
Vapeurs de soufre (anhydride sulfureux)
L’anhydride sulfureux ne se dissout pas dans la cire : il présente donc un danger minime de contamination de la cire et du miel. Les vapeurs peuvent être obtenues par combustion d’un mèche soufrée (1 mèche pour 3 hausses DB à placer en haut de la pile de hausses à traiter, c’est un gaz lourd), ou en utilisant un spray de gaz sous pression en bouteille.
Le soufre ne tuant pas les œufs, il est conseillé d’attendre 15 jours avant de faire le premier traitement, de répéter ensuite le traitement 15 jours après (certains conseillent toutes les deux semaines). Les vapeurs de soufre sont à la longue agressives pour les éléments métalliques des hausses et des cadres.
CongélationTrès efficace, elle détruit tous les stades de fausse teigne, œufs compris. La durée minimale de congélation dépend de la température de congélation : de 2 heures à -15°c à 4,5 heures à -7°c (durées mesurées à partir du moment ou le cadre a atteint la température de congélation. Cette méthode nécessite cependant des infrastructures lourdes.
Simple, propre et efficace : le courant d’air.Les larves de fausse teigne détestent les courants d’air. Pour en créer, on utilise l’effet cheminée : cette méthode consiste à empiler les hausses en colonne. Pour construire notre HLM (Hausses Largement Mitophobes), c’est très simple : de bas en haut :
1 : des parpaings écartés les uns des autres pour éloigner la base de la pile de hausse du sol et de son humidité et laisser entrer l’air sous la pile.
2 : un grillage fin : grille à reine ou grillage inox à mailles fines (type plancher aéré) pour empêcher les rongeurs de monter.
3 : les hausses et leurs cadres empilés. Veiller à ce que les cadres soient bien espacés les uns des autres (sinon la ventilation est mauvaise et la fausse teigne commencera à se développer à cet endroit).
4 : une autre grille.
5 : un toit type chalet, avec un trou d’aération, pour protéger la pile de la pluie.
Cette méthode donne de très bons résultats, elle est simple et facile à mettre en œuvre. Si le courant d’air n’est pas optimal, on peut constater quelques " départs " de fausse teigne, qui ne vont jamais très loin.
Peuh...
C’est une erreur de ma part. DB = Dadant Blatt.
Utilisez naturellement vos hausses à vous (utiliser différents modèles génèrerait des fuites si les dimensions externes des hausses sont différentes).
La mention DB donne une idée du volume. Grosso modo, c’est le volume de 3 hausses Dadant 9 cadres (de ruches à corps de 10 cadres, donc). Si les dimensions de vos hausses sont TRES différentes, adaptez.
Des correctifs sur les piles de hausses pour conserver les cadres :
On peut placer un autre grillage et deux tasseaux dessus, juste sous le toit chalet, pour optimiser la ventilation.
Préferer un grillage à maille fine type "varroa" pour éviter la visite des cadres par des abeilles que celle-ci en mourrant dans la pile, ne tombent sur la grille et ne diminuent la ventilation crée. A noter que le léchage des cadres de la pile est ainsi empêché.
L’empilage des hausses des différentes colonies (et a fortiori le léchage si des grilles à reine sont ulitisées) est potentiellement source de dissémination de spores de Loque américaine. Ceci dit, quasiment toutes les méthodes de stockage des hausses le sont, sauf à respecter une stricte traçabilité dans le stockage.
Bonjour,
Si tu as eu des réponses à ta question je suis fortement intéressée. Je cherche des solutions naturelles à une éventuelle attaque de teignes. j’ai vu ça sur un rucher et c’est particulièrement dégueulasse. Tu peux me joindre par émail : barbaraauthier@yahoo.fr par tél : 06 17 09 16 51 Merci d’avance et bel automne à tes abeilles et à toi.